Le chocolat est le fruit d’une métamorphose fascinante qui débute humblement avec la récolte des fèves de cacao et s’achève par la tablette que nous connaissons.

Bien plus qu’une simple recette, la fabrication du chocolat est un art précis et délicat, nécessitant une série d’étapes cruciales
De la cabosse à la tablette : le processus de fabrication
La transformation de la fève de cacao brute en chocolat est une succession d’étapes biochimiques, mécaniques et thermiques qui développent la saveur, la texture et la couleur caractéristiques du produit final.
Ce voyage, de la plantation à l’usine, comprend neuf étapes essentielles.
Étape 1 : récolte et écabossage (la cueillette)
La production commence dans les régions tropicales. Les cabosses, fruits du cacaoyer, sont récoltées à maturité, généralement à la main, pour éviter d’endommager l’arbre.
- Récolte : les ouvriers coupent délicatement les cabosses (qui pèsent entre 200 et 800 grammes) directement sur le tronc et les branches.
- Écabossage : les cabosses sont ouvertes à la machette ou avec un maillet pour en extraire les fèves. Elles sont ensuite enveloppées dans une pulpe blanche et sucrée appelée mucilage. Une cabosse contient environ 20 à 50 fèves.
Étape 2 : fermentation (le révélateur d’arômes)
C’est l’étape la plus cruciale pour le développement des arômes du futur chocolat. Les fèves et leur pulpe sont entassées dans des caisses en bois, recouvertes de feuilles de bananier, ou mises en tas pendant deux à neuf jours.
- Processus : sous l’effet des levures et des bactéries, le mucilage fermente, produisant de la chaleur et des acides. Cette chaleur tue le germe de la fève et déclenche une série de réactions chimiques complexes.
- Résultat : la fermentation modifie la couleur des fèves (de violet à brun chocolat) et, surtout, développe les précurseurs d’arômes qui s’exprimeront pleinement lors de la torréfaction.
Étape 3 : séchage (la conservation)
Après la fermentation, les fèves sont étalées au soleil ou dans des séchoirs mécaniques pour réduire leur teneur en humidité (de 60% à environ 7-8%).
- Objectif : réduire l’humidité permet d’empêcher le développement de moisissures et de faciliter le transport et le stockage sans altération.
Étape 4 : torréfaction (l’exaltation)
Une fois arrivées à l’usine, les fèves sont nettoyées et soumises à la torréfaction.
- Processus : les fèves sont grillées à des températures allant de 100∘C à 150∘C pendant 15 à 90 minutes.
- Rôle clé : cette chaleur achève de sécher les fèves, tue toute bactérie restante et, surtout, transforme les précurseurs chimiques développés lors de la fermentation en plus de 400 composés aromatiques qui définissent le profil de saveur du chocolat.
Étape 5 : concassage et broyage (l’obtention de la pâte)
- Vannage et concassage : les fèves sont refroidies puis passées dans un vanneur qui retire la coque de la fève pour obtenir le grué de cacao (ou nibs).
- Broyage : ce grué est broyé dans des meules. Sous l’effet de la friction et de la chaleur, le beurre de cacao (qui représente environ 50% de la fève) fond, transformant le grué en une pâte liquide et épaisse appelée masse de cacao (ou liqueur de cacao).
Étape 6 : mélange et raffinage (la recette)
La masse de cacao est l’ingrédient de base. Pour créer différents types de chocolat, elle est mélangée aux autres ingrédients :
- Chocolat noir : masse de cacao, beurre de cacao supplémentaire et sucre.
- Chocolat au lait : masse de cacao, beurre de cacao, sucre et lait en poudre.
Le mélange est ensuite passé dans des broyeurs-raffineurs pour réduire la taille des particules de cacao et de sucre. Une finesse optimale se situe autour de 20 micromètres (taille d’une particule de talc) pour garantir une sensation de fonte lisse en bouche.
Étape 7 : conchage (la perfection de la texture)
Le conchage est un processus d’agitation lente et prolongée dans une machine appelée conche, qui peut durer de quelques heures à plusieurs jours.
- Action : cette étape élimine les saveurs indésirables (acides volatils, humidité) et répartit uniformément le beurre de cacao.
- Résultat : le conchage donne au chocolat sa texture fondante, son onctuosité et permet d’affiner son bouquet aromatique.
Étape 8 : tempérage (le secret de la brillance)
Le tempérage est l’étape la plus technique et la plus délicate, essentielle pour garantir la qualité esthétique et la résistance du chocolat fini.
- Processus : il consiste à chauffer le chocolat fondu, à le refroidir rapidement, puis à le réchauffer légèrement à une température très précise (par exemple, autour de 31∘C pour le noir).
- Rôle clé : cette courbe de température contrôle la cristallisation du beurre de cacao pour qu’il forme uniquement des cristaux stables (de type V). Un chocolat bien tempéré est brillant, cassant (« snap ») et ne fond pas trop vite dans les mains.
Étape 9 : moulage et conditionnement
Le chocolat tempéré est versé dans des moules (tablettes, bonbons, etc.), vibrant pour éliminer les bulles d’air. Une fois refroidi et solidifié dans un tunnel de refroidissement, il est démoulé et prêt à être emballé pour sa commercialisation.
Cette succession d’étapes transforme un fruit amer et pâteux en ce délice croquant et fondant que nous connaissons.
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